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Une lionne à jambes de guépard!

21 min.
Flury

de Daniel Flury

15 articles

Abassia Rahmani est l’une des figures marquantes du para-sport suisse. Dès à présent, elle prête également son visage à la publicité institutionnelle de la Banque WIR.

On ne pourrait imaginer différence plus marquante: alors que la danseuse Flavia Landolfi virevolte au plus haut niveau des parquets de danse au plan tant national qu’inter­national, l’athlète Abassia Rahmani, amputée tibiale, se prépare sur prothèses à son prochain objectif, les Jeux paralympiques d’été à Tokyo.

L’adéquation ne pourrait être plus grande: aussi bien Flavia Landolfi qu’Abassia Rahmani doivent leurs succès à l’enthousiasme dont elles font preuve pour leur sport, à leur discipline, à leur persévérance et à un environnement qui les soutient et leur fournit l’appui dont elles peuvent avoir besoin. De plus, les deux joueront, ces prochaines années, un rôle déterminant dans la stratégie publicitaire de la Banque WIR.

Abassia Rahmani a vécu une sorte de deuxième naissance à l’âge de 16 ans. Une infection due à des bactéries méningocoques a débouché sur une septicémie à laquelle elle n’a survécu qu’après amputation de plusieurs bouts de doigts et de ses deux tibias. Très rapidement, la nature combative d’Abassia (prénom arabe signifiant «lionne») prend le dessus sur de douloureuses questions portant sur le sens de la vie et la «manière de continuer». Elle entreprend tout pour pouvoir refaire du snowboard et de l’équitation. Elle termine son apprentissage de commerce et cherche d’autres possibilités pour satisfaire son envie de bouger. «La natation n’entrait pas en ligne de compte car je ne me sens pas vraiment à l’aise dans l’eau», dit-elle. Quant au sport en fauteuil roulant, il ne l’attirait pas non plus.

Nottwil 2018

Foto: Urs Sigg

Tout change en 2013 lors de sa participation à un atelier organisé par Heinrich Popow, un athlète de pointe de handisport allemand et recordman du monde qui a perdu son tibia gauche à l’âge de 9 ans. C’est lui qui fixe pour la première fois des prothèses en carbone aux jambes d’Abassia. Comme la forme de ces prothèses rappelle celle des pattes arrière des guépards, on les appelle également des «cheetahs».

Auparavant, son travail de bureau à 70% permettait à Abassia Rahmani de s’entraîner deux heures par jour. En 2016, elle remporte son premier grand succès de compétition: médaille de bronze sur une distance de 100 mètres lors des Championnats d’Europe à Grosseto. La même année, elle manque de justesse une place sur le podium lors des Jeux paralympiques de Rio de Janeiro en obtenant la quatrième place sur la distance de 200 mètres. Un autre grand moment de sa carrière aura été la médaille d’or obtenue en 2018 lors des Championnats d’Europe à Berlin, également sur la distance de 200 mètres. La même année, Abassia Rahmani décidait de faire du sport sa profession.

 

Quel est aujourd’hui le déroulement typique de votre journée?

Abassia Rahmani: Manger et dormir – c’est-à-dire la ­régénération – sont deux composantes très importantes du métier. Les choses importantes commencent de 10 heures à midi, avec le premier entraînement: salle de musculation ou course sur la piste. Le deuxième entraînement commence à 16 heures ou 18 heures, en fonction du nombre de salariés qui viennent me rejoindre. Dans le groupe – je m’entraîne avec des «bipèdes» – j’aime bien courir les distances plus longues, c’est-à-dire 150 ou 200 mètres. Le temps entre ces deux séances d’entraînement est réservé aux séances de physiothérapie, au travail administratif et aux tâches ménagères.

Témoignage de la Banque WIR: «Toujours tracer son propre chemin»

Les «blades» (prothèses) procurent-elles un avantage par rapport aux «bipèdes»?

Je voudrais souligner tout d’abord que toute la famille de l’athlétisme est des plus sympathiques et que les athlètes «bladerunners» ne reçoivent pratiquement que des feed-back positifs lorsqu’ils participent à une compétition avec des «bipèdes». Je considère néanmoins que l’une de mes tâches est de veiller à informer et à favoriser ainsi une meilleure compréhension: courir sur des «blades» n’est pas aussi simple qu’il peut paraître. Seul un entraînement très dur – j’arrive à environ 22 heures par semaine – vous permet de vous hisser à la pointe. Jadis, je courais toujours avec un retard de 20 mètres derrière les autres. En règle générale, quiconque suit l’évolution d’un athlète qui utilise des jambes en carbone reconnaît sans aucune discussion ses performances.
Lors de championnats, les «blades» sont par ailleurs déclarées comme accessoires techniques et nous courons hors concours. Pour moi, c’est parfaitement en ordre.

Les «blades» utilisées lors de concours doivent-elles répondre à certains critères?

Elles doivent être librement accessibles dans le commerce. On peut déterminer personnellement la suspension car cette dernière se définit essentiellement en fonction de la force musculaire et du poids du corps. Une personne qui pèse 85 kilos nécessite une suspension plus dure que moi et mes 50 kilos. Une suspension plus douce permet d’obtenir une séquence de mouvements plus harmonieuse tout en étant évidemment plus saine pour le dos et les articulations.

«Je considère que l’une de mes tâches est de veiller à informer et à favoriser ainsi une meilleure compréhension: courir sur des «blades» n’est pas aussi simple qu’il peut paraître.»

Quels sont vos objectifs pour les Jeux paralympiques de Tokyo, cette année?

Malheureusement la course des 200 mètres a été supprimée du programme; pourtant, il s’agit de ma discipline de prédilection car les éléments tactiques qui la caractérisent me plaisent beaucoup: prendre le virage, comme qui dirait, avec le frein à main serré, avant d’attaquer à fond sur la ligne droite – comme au volant (elle rit). Je me concentre donc sur la course des 100 mètres avec comme objectif de parvenir au minimum en finale – les 8 premiers.

À quoi devez-vous travailler?

En hiver, j’ai beaucoup travaillé l’endurance. Désormais, il s’agit de peaufiner et, spécifiquement dans mon cas, de sortir plus rapidement du bloc de départ. Mon départ est plutôt lent, ce qui joue un moindre rôle sur la distance de 200 mètres mais peut être tout à fait déterminant pour la victoire sur la distance de 100 mètres. Je me suis déjà beaucoup améliorée et j’ai eu l’occasion, pendant tout le mois d’avril, lors des camps d’entraînement que j’ai suivis en Turquie et au Tessin, de continuer à y travailler.

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Foto: Adrian Bretscher

Quelles sont vos principales concurrentes?

On le verra lors des Championnats d’Europe qui auront lieu début juin en Pologne. Les Hollandaises sont très fortes mais il faut également compter avec les athlètes des USA et du Canada.

Le passage au sport professionnel ne comportait-il pas également des risques?

Bien entendu et j’avais d’ailleurs certains doutes car la sécurité financière était loin d’être assurée. En me basant sur ma devise «c’est tout ou rien», j’ai assez rapidement pu trouver les bons partenaires – ou alors ces derniers sont venus me trouver. Aujourd’hui, je me sens libre, ce qui a également des conséquences positives sur mes performances.

Selon quels critères choisissez-vous vos sponsors?

Je reçois beaucoup de demandes et je réfléchis très soigneusement aux engagements que je prends. Je suis plutôt sceptique pour certains projets et si je décide de m’engager pour quelque chose à long terme, il faut que les valeurs de l’entreprise ou de l’organisation en question correspondent aux miennes. Il est important que je puisse m’identifier à ces valeurs.

Comment avez-vous vécu le tournage des films destinés à la publicité institutionnelle de la Banque WIR?

Cela aura représenté pour moi une nouvelle dimension, une vision assez passionnante: je n’étais pas consciente de l’ampleur des moyens nécessaires à la réalisation d’un film de quelques minutes. Cependant, je me suis toujours sentie parfaitement à l’aise, surtout, bien entendu, pendant le tournage sur la piste qui représente mon propre monde.

«Si je décide de m’engager pour quelque chose à long terme, il faut que les valeurs de l’entreprise en question correspondent aux miennes. Il est important que je puisse m’identifier à ces valeurs..»

Vous dites ne pas avoir de modèles. Où trouvez-vous votre motivation, votre inspiration?

J’ai une merveilleuse famille, des gens préférés issus des diverses étapes de ma vie, des amis du monde de l’athlétisme, des entraîneurs, des thérapeutes. Les traits de caractère qui me plaisent et sont propres à ces personnes peuvent avoir une fonction de modèle. Il s’agit d’un environnement qui me donne de la stabilité et un certain équilibre: je voudrais toujours tout faire correctement et il me faut ainsi parfois quelqu’un qui me ramène sur terre.
Je me suis donnée à moi-même une base mentale très forte; lorsqu’on est confrontée à l’âge de 16 ans à un destin aussi particulier que le mien, on a le temps de réfléchir au sens de la vie et on mûrit peut-être plus rapidement qu’un adolescent «normal».

Vous aurez bientôt 29 ans, combien de temps peut-on faire du sport à votre niveau?

Aussi longtemps que je peux maintenir le rythme et que cela me fait plaisir. Je suis extrêmement motivée pour les Jeux paralympiques de Tokyo, de Paris en 2024 et de Los Angeles en 2028. Vous le voyez, la fin n’est pas pour demain!

Vous venez également d’obtenir la maturité professionnelle et vous étudierez à partir de l’automne le management sportif. Quel est votre objectif?

En tant que manager sportive, l’une de mes tâches sera de mieux positionner le para-sport en Suisse. En effet, nous sommes actuellement quelque peu à la traîne derrière d’autres nations en matière de visibilité, de sponsoring et de structures rationnelles. Si nous parvenons à obtenir des améliorations dans ces domaines, la tâche de la relève s’en trouvera facilitée.

Photo principale de l’article: Martin Rhyner

Portrait

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Abassia Rahmani

Swiss Blade Runner

Née le 2 juillet 1992 dans l’Oberland zurichois d’un père algérien et d’une mère suisse, Abassia Rahmani a grandi à Wila avec son frère aîné. Dès sa tendre enfance, elle s’est enthousiasmée pour les activités sportives telles que le snowboard, l’équitation et les entraînements auprès du club de gymnastique. En 2009, à l’âge de 16 ans et à la suite d’une septicémie (septicémie à méningocoques), elle a dû se faire amputer les deux jambes. Cinq ans plus tard, l’athlète s’est mise à l’athlétisme. En 2016, elle a remporté la médaille de bronze lors des Championnats d’Europe d’athlétisme à Grosseto, le premier grand succès de sa carrière. Avec son quatrième rang lors de la finale sur 200 mètres des Jeux Paralympiques et sa médaille d’or lors des Championnats d’Europe de Berlin en 2018, elle a complété son palmarés avec deux merveilleuses réussites supplémentaires.

A côté de ses activités sportives, Abassia Rahmani a suivi une formation d’employée de commerce et a travaillé jusqu’en juillet 2018 dans un bureau où elle occupait un poste à 70 pour cent. Elle parle non seulement l’allemand mais également couramment le français et l’anglais. Depuis 2018, elle travaille dans le secteur du sport professionnel, a obtenu sa maturité professionnelle et commencera en septembre 2021 ses études de management sportif à temps partiel. Si elle ne se trouve pas sur la piste de tartan ou en salle de musculation, elle aime passer son temps avec ses amis, la musique et les concerts, les sports d’action, les bons livres et adore aussi, par dessus tout, voyager.

Website von Abassia Rahmani

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