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Une banquière passionnée avec des racines suisses et turques

26 min.
Flury

de Daniel Flury

20 articles

Melek Ates s’intéresse à la banque depuis ses 15 ans. Aujourd’hui, son attention se porte plus particulièrement sur les clients entreprises. Depuis le 1er octobre 2024, cette banquière pure souche occupe, au sein de la Banque WIR, la fonction de directrice et membre de la direction. Cependant, il y a mieux: les clients privés qui deviennent de plus en plus importants pour la Banque WIR sont désormais également placés sous sa responsabilité.

En ta qualité de nouvelle responsable des clients privés et des clients entreprises, tu aurais en principe droit à un délai de grâce de cent jours – cependant, nous sommes très impatients: quelle image t’es-tu faite de la Banque WIR après cinquante jours – au moment de l’interview?

Melek Ates: J’ai pu constater que si la Banque WIR vivait pleinement sa tradition coopérative, elle s’orientait aussi de manière dynamique vers l’avenir. L’objectif de proposer aux clients entreprises – et désormais également aux clients privés – globalement la meilleure valeur ajoutée issue de ses divers «écosystèmes» est ancré dans son ADN. Cela répond précisément à mes convictions en matière de solidarité, d’intégrité et d’esprit d’innovation que je vais désormais pouvoir mettre en œuvre dans l’ensemble de la Suisse.

Quelles expériences as-tu faites dans la ville de Bâle en tant que lieu de travail et prévois-tu de déplacer ton centre de vie sur les rives du Rhin?

Jusqu’ici, je connaissais Bâle essentiellement grâce à son zoo et aux concerts auxquels je suis venue assister. Je me réjouis de découvrir bien d’autres choses encore à Bâle, mais je ne prévois pas d’y déplacer mon domicile. Pour moi, l’enracinement est très important: dans le domaine privé, il s’agit de l’Argovie avec mon domicile de Seon; professionnellement, c’est le métier de banquière. D’une certaine manière, Seon bénéficie par ailleurs d’une situation nettement plus centrale que Bâle (elle rit): on est rapidement à Berne, Lucerne, Zurich, Zoug, Soleure ou en pays bâlois. En d’autres termes: l’autoroute A1 permet d’atteindre rapidement tous les marchés de la Banque WIR, y compris le Tessin et la Suisse romande.

Vollblutbankerin

Tu es passée de la Banque cantonale d’Argovie AKB à la Banque WIR: plus de 10% des PME clientes WIR viennent du canton d’Argovie. Comment percevais-tu la Banque WIR pendant la période où tu as travaillé pour l’AKB?

De nombreuses PME argoviennes, surtout dans les secteurs de la construction et de l’immobilier, entretiennent des relations d’affaires avec la Banque WIR. J’ai toujours constaté une certaine gratitude envers le système WIR, car il génère des chiffres d’affaires additionnels et permet de réaliser des projets de construction enthousiasmants, et il a permis à de nombreux chefs d’entreprise de se constituer une petite fortune. En Argovie, j’ai perçu moins clairement l’ampleur de la dynamique avec laquelle la Banque WIR développe une offre de prestations bancaires complète destinée aux clients privés et aux clients entreprises.

La Banque WIR se considère comme une «banque coopérative proche de la population locale». À quoi associes-tu cette promesse de mission?

Pour moi, une banque coopérative ancrée localement doit précisément s’engager à rester proche des clients et des PME. Elle défend des valeurs suisses telles que la cohésion, la stabilité et l’objectif de générer une valeur ajoutée durable pour ses membres et la société.

«Nous devrions souligner davantage notre identité coopérative.»

Melek Ates

À propos de «banque coopérative»: un assez grand nombre d’entreprises suisses soulignent leur statut de coopérative dans leur publicité. Que penses-tu de la Banque WIR dans ce contexte? Devrait-elle en prendre de la graine?

Je le pense effectivement. Il y a très certainement des entreprises qui savent exploiter leur statut de coopérative, même si elles se sont entre-temps considérablement éloignées de cette forme juridique. Dans le cas de la Banque WIR, ce serait plutôt le contraire: nous vivons ­activement l’esprit propre à une coopérative, mais nous ne le soulignons pas assez. La Banque WIR a réussi à ­allier tradition, confiance et sentiment communautaire à la ­capacité d’innovation et à l’ouverture de nouvelles perspectives. Nous devrions souligner encore davantage cette identité coopérative.

Melek Ates

Melek Ates: «Une banque coopérative ancrée localement doit s’engager à rester proche des clients et des PME.»

Il n’y a pas si longtemps, le portefeuille de la Banque WIR se limitait aux affaires WIR ainsi qu’aux produits d’épargne et de prévoyance. Depuis quelques années, la banque poursuit avec succès une véritable stratégie de diversification qui a eu pour résultat, entre autres et avec son «paquet bancaire top» lancé simultanément avec ton arrivée chez nous, son statut de prestataire de services bancaires complet susceptible de devenir aujourd’hui la première banque de référence de n’importe quel habitant de notre pays ainsi que des PME. Cela a-t-il influencé ta décision en faveur de la Banque WIR?

Tout à fait! La Banque WIR propose une gamme de prestations large et convaincant tout en étant à même d’offrir des solutions complètes destinées tant aux entreprises qu’aux clients privés. Une situation de base prometteuse!

Pourquoi est-il important pour la Banque WIR d’emprunter cette voie de la diversification?

Nous bénéficions déjà, par le biais de nos plus de 20 000 clients entreprises, de nombreux points de contact avec des chefs d’entreprise qui ont également besoin de produits bancaires en leur qualité de personne privée. Grâce à la combinaison de notre portefeuille de prestations bancaires avec les solutions financières innovatrices de prestataires fintech leaders tels que VIAC et VIAC Invest, les clients privés bénéficient du meilleur des deux mondes: des compétences bancaires suisses éprouvées et une technologie financière pionnière. Notre objectif est désormais de faire connaître plus largement en Suisse cette valeur ajoutée et de couvrir de manière optimale les besoins individuels des clients privés.

Saisissons donc l’opportunité de faire plus ample connaissance! Ton nom d’origine turque Melek Ates signifie en français ange (melek) et feu (ateş). Trouve-t-on également des aspects «angéliques» et «ardents» dans ton style de management?

Je reconnais que je porte ces deux éléments en moi: l’aspect fougueux s’exprime dans mon approche passionnée et toujours axée sur les objectifs poursuivis. Simulta­nément, je voue une grande importance à l’empathie, à l’engagement et au soutien. Voilà ce qui marque mon style de direction qui a pour but de favoriser une culture de confiance, d’inspiration et d’autonomisation.

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«Indépendamment du sexe, je trouve qu’un bon mélange de différentes perspectives constitue un avantage certain.»

Tu es née et tu as grandi en Suisse et tu as payé tes galons de banquière au sein de la Banque hypothécaire de Lenzbourg. Qu’est-ce qui t’a poussé à poursuivre ensuite ta carrière professionnelle en Turquie?

Au terme de mon apprentissage de banque et après l’obtention de ma maturité professionnelle, nous sommes allés en Turquie parce que mon mari y gérait une entreprise. J’ai trouvé – en particulier aussi grâce à mon pluri­linguisme – un emploi dans une grande banque turque, dans le secteur des clients entreprises. Comme le moment de la scolarisation de notre fils approchait, nous avons décidé de revenir en Suisse.

Les besoins des PME turques sont-ils comparables à ceux des PME suisses?

Les conditions économiques et de régulation en Turquie sont totalement différentes de celles prévalant en Suisse. Il s’agit d’un environnement soumis à des modifications extrêmement dynamiques. Les PME turques se distinguent par conséquent par une grande capacité d’adaptation et sont bien obligées d’être de véritables maîtres de la survie. La nécessité de se développer sans cesse s’applique bien entendu également aux banques.

«Les jeunes veulent que tout soit aussi simple que possible.»

Melek Ates

La Banque WIR poursuit, elle aussi, une stratégie de numérisation très poussée. Nos clients y sont-ils suffisamment préparés?

La numérisation commence avec les collaborateurs. Tout le monde est concerné, tout le monde doit être bien conscient de ce que signifie la mutation numérique pour l’environnement de travail et l’orientation selon les besoins de la clientèle. Une majorité de la population suisse est consciente des avantages de la numérisation, c’est ce que montrent, entre autres, les résultats de l’étude «Digital-Radar Suisse – Moniteur Banque WIR» de la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse (Fachhochschule Nordwestschweiz). Ce sont surtout les jeunes qui veulent que tout soit aussi simple que possible. Au plan numérique, nous sommes très bien armés et la Banque WIR peut très bien couvrir ces besoins avec ses propres offres de prestations, combinées à celles de VIAC par exemple.

Après ta carrière professionnelle et tes études d’économie en Turquie, tu as choisi de revenir en Suisse, cette fois-ci à la (ancienne) Neue Aargauer Bank et ensuite à la Banque cantonale argovienne, où tu as travaillé dans le secteur des clients entreprises. À la Banque WIR, tu seras non seulement responsable des clients entreprises, mais également des clients privés. En quoi ces deux parties prenantes se distinguent-elles?

Je voudrais plutôt souligner ce que les clients entreprises et les clients privés ont en commun, car c’est précisément ce qui est central pour nous: il s’agit de reconnaître leurs besoins et de proposer des offres qui couvrent aussi ­largement que possible ces besoins.

En ce qui concerne les clients entreprises, il s’agit de comprendre leurs modèles d’affaires et de leur proposer des solutions sur mesure. Il en va de même pour les clients privés: les circonstances financières individuelles doivent être prises en compte dans leur ensemble pour que nous puissions préparer des solutions personnalisées.

Pour atteindre cet objectif, nous devons encore mieux nous organiser tout en élargissant et en renforçant le secteur des clients privés.

«Nous tenons notre promesse de proximité dans les régions.»

Melek Ates

À la Banque WIR, le secteur des clients privés et des clients entreprises est non seulement en charge des conseils à la clientèle par le biais du centre de conseils, des succursales et de l’équipe des grands clients, mais également du «product management» et du marketing qui se chargent de la commercialisation, de la communication d’entreprise et des manifestations. Quelles sont les synergies qui en découlent?

Chez moi, cette situation initiale a suscité une énorme motivation et a contribué à me convaincre de rejoindre la Banque WIR. Ni le marketing ni le «product management» ne sont des nouveautés pour moi puisque j’ai déjà travaillé dans ces secteurs dans le cadre de projets ­correspondants chez mes précédents employeurs. Étant donné que je suis aussi responsable de l’organisation du système de vente qui comprend le marketing et le «product management», j’ai la possibilité de définir et de mettre en œuvre une orientation claire et commune au centre de laquelle nous plaçons systématiquement nos clients.

Ton ancien employeur travaille avec des clients du canton d’Argovie. La Banque WIR travaille dans l’ensemble de la Suisse et aussi au Tessin et en Suisse romande. Ton enracinement dans deux cultures t’aide-t-elle à mieux gérer les différentes mentalités en Suisse?

Lorsqu’on appartient à deux cultures, il est évident que cela aide à comprendre d’autres mentalités et à les accepter. Je crois que je dispose également d’une bonne dose d’empathie lors d’échanges personnels avec d’autres gens – quelles que soient l’origine et l’identité culturelle de ces personnes.

Dans quelle mesure les neuf succursales de la Banque WIR ont-elles encore un sens, compte tenu de la numérisation croissante – mentionnons par exemple le «self onboarding» – et d’une réduction de la fréquentation des guichets?

La numérisation fait partie de notre modèle d’affaires et se poursuit également au sein des succursales. C’est là-bas que se font les affaires classiques relatives aux clients entreprises et donc notre métier de base. Avec cette présence sur le marché, nous tenons notre promesse de proximité dans les régions. Avec le «self onboarding» mentionné ci-dessus – désormais également accessible aux clients entreprises –, nous avons par ailleurs l’opportunité d’ouvrir de manière très simple et numérique une relation d’affaires avec les clients entreprises.

En guise de conclusion: tu es la seule et première femme à siéger parmi les cinq membres de la direction de la Banque WIR. Y souhaiterais-tu un quota plus élevé de femmes?

Indépendamment du sexe, je trouve qu’un bon mélange de différentes perspectives constitue un avantage ­certain. Je trouve qu’il est important que l’on traite des facteurs tels que la culture, la direction et la collaboration de ­manière aussi professionnelle que l’orientation selon les besoins de la clientèle, les chiffres et les faits et je constate que notre direction y arrive très bien.

 

À son propos

Melek Ates est née en 1975, mariée et mère d’un fils de 26 ans. Deux ans après la fin de son apprentissage de banque avec maturité professionnelle à la Hypothekarbank Lenzburg, elle a travaillé de 1995 à 2004 pour la banque turque AKBank où elle a fini par diriger le service des conseils dispensés aux clients entreprises. À son retour en Suisse, elle a travaillé comme conseillère aux entreprises et «team leader» à la Neue Aargauer Bank et, à partir de 2019, en tant que responsable du secteur clients entreprises, responsable régionale adjointe et responsable des clients entreprises pour la Banque cantonale argovienne. Depuis le 1er octobre 2024, elle est responsable, en tant que membre de la direction, du secteur clients privés et clients entreprises de la Banque WIR. Elle a repris cette fonction de Matthias Pfeifer, qui remplace Bruno Stiegeler à partir du 1er mars 2025 comme président de la direction.

Melek Ates a complété sa formation avec une licence d’économie à l’Université Anadolu, un Master of Advanced Studies (MAS) en Banking & Finance (FHNW Brugg) et un Executive Master of Business Administration (EMBA) en mutation numérique à l’Université de Zurich.

En guise de hobbies, Melek Ates mentionne la danse, la zumba et le kitesurf.

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