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«Quel bonheur que de pouvoir venir en aide à des PME!»

12 min.
PR und Corporate Communication der Bank WIR

de Volker «Vloggy» Strohm

20 articles

Germann Wiggli a marqué la Banque WIR – et l’entreprise a marqué sa vie à son tour. À la fin du mois de mai, il quitte sa fonction de CEO et le niveau opérationnel pour se consacrer à des préoccupations plus stratégiques.

Nous sommes ici sur les rives du Rhin à Bâle. C’est par ici que transitent les biens importés par bateau ou par voie de terre pour être distribués dans toute la Suisse. Quels sont les liens qui te rattachent à la ville?

Germann Wiggli: Je suis né à Bâle et j’y ai grandi. J’y ai aussi passé une partie de ma jeunesse. De plus, j’y travaille depuis 26 ans.

Plus précisément à la Banque WIR – toutefois, cela se terminera fin mai. Quels sont tes sentiments à ce sujet?

Sincèrement, rien de particulier. Je suis en permanence sous tension et je ne réfléchis pas trop à ce qui se passera ensuite. Il y a déjà deux ans, j’ai communiqué au conseil d’administration ma volonté de démissionner à l’occasion de la future assemblée générale du 27 mai.

Cela semble te laisser indifférent.

C’est le cas. Voilà pas mal de temps que je me suis préparé à l’instant auquel je veux me transformer et ne plus être responsable des activités opérationnelles. 26 ans à la Banque WIR représentent une très longue période – tout d’abord en tant que responsable adjoint des crédits, puis en tant que chef des crédits et membre de la direction. En 2006, j’ai été élu en tant que président du directoire, ou CEO comme on dit aujourd’hui. Il est judicieux que quelqu’un abandonne une telle tâche après 13 ans. Tout a été soigneusement planifié et préparé: mon successeur Bruno Stiegeler travaille depuis cinq ans pour la banque. Je l’ai choisi et l’ai proposé à l’époque au conseil d’administration. En fin de compte, il me semble que cette solution de reprise est très judicieuse.

«Je suis en permanence sous tension et je ne réfléchis pas trop à ce qui se passera ensuite.»

26 ans à la Banque WIR. Pourquoi?

Cette période qui m’a semblé «très courte» aura toujours été passionnante et caractérisée par une évolution constante – que ce soit pour l’entreprise ou pour moi, au niveau personnel. Si vous avez de bons collaborateurs et d’excellents supérieurs hiérarchiques, il n’est pas forcément nécessaire que vous changiez en permanence d’employeur. Je pense par ailleurs que la mode de changer totalement de secteur d’activité tous les trois ans n’est déjà plus actuelle. Il peut être tout aussi enrichissant d’assumer de nouvelles fonctions et de relever de nouveaux défis au sein d’une seule et même organisation.

C’est là une réponse rationnelle à ma question. Quelle est la réponse émotionnelle?

La fascination. Avant même de commencer à travailler pour le Cercle Economique WIR Société Coopérative de l’époque, il m’est régulièrement arrivé de croiser la monnaie complémentaire WIR. J’ai vu les avantages dont peuvent en bénéficier les PME. Cette histoire est tout à fait passionnante.

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Une histoire qui se poursuit même 85 ans plus tard.

Oui. Récemment, la Télévision suisse a diffusé le film sur le «Miracle de Wörgl» – une commune du Tyrol qui, durant les années 1930, se sauve de la banqueroute en lançant sa propre monnaie et parvient à faire baisser le taux de chômage de 21 à 16% en l’intervalle d’une seule année. Dans le contexte de la diffusion de ce film, jamais le fait qu’il existe également une monnaie complémentaire en Suisse n’a été évoqué. De plus, cette dernière – contrairement à la monnaie locale de Wörgl – n’a pas cessé d’exister après deux ans déjà.

Ton réponse trahit une certaine déception quant au fait que tout le monde n’a manifestement pas vraiment compris le thème de la monnaie WIR.

Le système WIR s’adresse aux chefs d’entreprises clairvoyants qui y reconnaissent une certaine opportunité. Il en existe bien entendu également d’autres qui ne savent qu’en faire. Je constate que dans le monde des médias, certaines contrevérités continuent de se transmettre d’année en année. Cela blesse. Oui, c’est décevant.

Un sentiment d’impuissance se développe-t-il dans de tels moments?

Je n’emploierais pas le terme d’impuissance. Néanmoins, il faut une assez forte personnalité et un caractère affirmé pour ne pas soudain se résigner. Je considère que le fait de poursuivre notre chemin et d’assurer le développement permanent du système WIR pour le rendre encore plus compétitif à l’avenir est une tâche permanente.

Des critiques ont été émises non seulement par des médias mais également directement par certains cercles de chefs d’entreprises. Comment les aborde-t-on lorsqu’elles sont subjectives, voire injustifiées?

C’est pourtant très simple: quiconque accepte la monnaie complémentaire doit bien entendu la réinjecter ensuite dans le système. Continuer à faire tourner l’argent dans le circuit est en effet l’objectif de tout le système. Dans un tel système, il y a bien entendu toujours des chefs d’entreprises qui pensent uniquement à leur propre intérêt et nullement à l’ensemble du système. Cela n’est pas possible. Le système WIR doit bénéficier à tous. Il doit motiver et encourager d’autres à faire également partie du réseau.

«Il faut une assez forte personnalité et un caractère affirmé pour ne pas soudain se résigner.»

Tu viens de mentionner qu’il faut rendre le système WIR encore plus compétitif à l’avenir. Le système WIR est-il encore nécessaire de nos jours?

Laisse-moi juste préciser: nous ne devons pas nous comparer aujourd’hui à un chiffre d’affaires WIR d’il y a 20 ou 30 ans et ceci pour diverses raisons: le chiffre d’affaires maximum de 2,5 milliards annuel a été atteint au cours d’une phase à taux d’intérêt très élevés et simultanément à un boom immobilier, respectivement à une période de surchauffe. En raison de la politique des taux d’intérêt poursuivie par la Banque Nationale Suisse (BNS), nous connaissons une période de taux d’intérêt négatifs. Par conséquent, le système WIR qui se distinguait par l’octroi de crédits très avantageux n’est plus tellement demandé. Or, octroyer des crédits WIR revient également à élargir la masse monétaire WIR.

L’avantage perdu au niveau des taux d’intérêt est-il la seule raison qui explique que les affaires WIR n’évoluent que lentement?

Non. Les entreprises vont très bien, en particulier en Suisse et plus spécialement dans la construction. Les carnets de commandes sont pleins et l’argument des affaires supplémentaires grâce au réseau WIR n’est donc plus aussi convaincant ou seulement dans certaines conditions.

Je reviens à ma question: le système WIR est-il encore nécessaire aujourd’hui?

Bien évidemment. WIR est une organisation de soutien réservée aux petites et moyennes entreprises de Suisse – et ce sont justement celles-ci qui rencontrent le plus de problèmes en raison de l’ouverture des marchés. Le commerce en ligne menace, lui aussi, certaines de ces PME. Avec le système WIR, nous disposons de quelque chose qui nous permet de dire très consciemment: achetez local et pas seulement toujours auprès des grands distributeurs dominés par l’étranger. Si j’achète mes chaussures et mes habits auprès d’une PME, je fournis très concrètement une contribution au maintien d’emplois en Suisse. La société doit prendre conscience de cette tendance actuelle et surtout la prendre au sérieux – quant à la Banque WIR, elle met un moyen de paiement correspondant à disposition. Si nous parvenons, grâce au système WIR, à réaliser un contrepoids correspondant à la partie nocive de la globalisation, c’est une bonne chose. Dès que l’évolution conjoncturelle sera à nouveau plus tendue, l’idée qui sous-tend le système WIR reviendra sur le devant de la scène, j’en suis convaincu.

Si tu pouvais retourner dans le passé: que ferais-tu différemment d’un point de vue actuel?

Rien.

Vraiment?

Non. Toute cette période était fantastique et passionnante.

«Lorsque je suis à l’affût et que j’aperçois un chevreuil, je me retrouve dans un autre monde.»

Quels sont les principaux points positifs qui te reviennent en mémoire?

Ils sont nombreux. Par exemple la diversification de la Banque WIR que nous avons déjà inaugurée lors du changement de millénaire avec l’entrée dans les affaires libellées en francs suisses. C’est un fait: on ne peut pas transformer complètement une entreprise en trois, quatre ans – il s’agit toujours d’une mutation qui prend son temps. Cette ouverture nous a rendus nettement moins tributaires de l’évolution conjoncturelle que ne l’est le seul secteur WIR. Désormais, même la politique de la BNS ne peut plus forcément nous gâcher la soupe.

Quelle a été ta plus grande satisfaction personnelle au cours de ta carrière WIR?

Je ne peux pas me limiter à une seule satisfaction. Les plus beaux moments sont toujours ceux lors desquels il est possible d’aider des PME. Pensons à la crise immobilière qui allait de la fin des années 1980 au début des années 1990 – quand les taux d’intérêt étaient d’environ huit pour cent et que les grandes banques, tout comme les banques cantonales, résiliaient à la pelle les contrats de crédit. Ce scénario s’est répété lors du changement de millénaire. À l’époque, de nombreuses entreprises sont venues grossir les rangs des clients de la Banque WIR – et grâce à la diversification de cette dernière, il nous a également été possible de les soutenir. Sauver des entreprises et donc également des emplois fait partie des plus beaux moments que l’on puisse vivre de manière générale.

Tu as abordé ci-dessus le mot-clé de mutation. Ce terme évoque automatiquement la numérisation.

Oui. Au début de ce millénaire, la Banque WIR accusait un énorme retard dans le domaine des technologies. Entre-temps, nous sommes devenus flexibles très rapidement. La start-up VIAC en constitue certainement un bon exemple. Dans ce cas, il était clair dès le début que nous ne nous connecterions pas à notre propre système informatique bancaire mais que nous développerions une plate-forme particulière. Cette stratégie a été payante. La diversification va se poursuivre. Je pense qu’avec VIAC, nous pourrions devenir, dans un intervalle de cinq ans, une banque entièrement numérique au service de nos clients.

Voici qu’apparaît le stratège Germann Wiggli ! Ton passage au conseil d’administration est pour bientôt. Objectifs, plans, idées? Et pourquoi y es-tu nécessaire?

J’y amène un savoir-faire bancaire et financier, ce qui est important. L’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers exige ainsi une composition «raisonnable» du conseil d’administration. Il est donc prévu de transférer mes connaissances au conseil d’administration.

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On imagine que la fonction de CEO d’une banque est un job de 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Qu’en est-il de ton équilibre entre vie privée et professionnelle?

Je suis conscient d’être un mauvais exemple. Bien entendu, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 est impossible, ne serait-ce qu’en raison des besoins de sommeil. Par contre, il est vrai que je n’ai bénéficié que de peu de temps libre – c’est-à-dire du temps rien que pour moi. D’une façon ou d’une autre, je voyage toujours pour la Banque WIR et cela m’a bien marqué.

Pas de traces d’usure, voire des dégâts?

Non. J’espère que non. J’ai l’impression de bénéficier d’une bonne santé. Cependant, je reconnais que mon rythme de vie est très fortement marqué par le calendrier.

Si tu pouvais tout recommencer: agirais-tu différemment?

Placer plus de temps libre sur le calendrier revient clairement à s’assurer une certaine qualité de vie. Oui. Je l’ai certainement sacrifiée en partie mais je suis le seul à blâmer.

Pourquoi n’y as-tu jamais rien changé?

J’étais toujours intéressé par la nouveauté. Outre l’engagement à la Banque WIR, j’assume également d’autres mandats en tant que membre ou président de conseils d’administration. Ces derniers demandent également un certain engagement. Il n’est pas simple de tout concilier et ceci d’autant moins que je veux toujours être à 100% productif pour mon employeur, à savoir la Banque WIR. Par conséquent, c’est bien le temps libre qui a dû en souffrir.

Comment te détends-tu?

En forêt. Dans la nature. La chasse est ma grande passion. À cela vient s’ajouter, de temps à autre, l’alpinisme.

La Banque WIR est-elle également présente en forêt?

Non. La forêt, c’est vraiment pour la détente. Lorsque je suis à l’affût et que je cherche la présence de chevreuils, de renards, de lapins, de cerfs ou de sangliers, je me retrouve dans un autre monde. Là, je ne pense plus directement aux affaires.

Pas directement – mais alors tout de même de manière indirecte?

Il peut bien entendu arriver que j’aie soudain une idée créative. Dans ce cas, je dois poursuivre cette réflexion à un autre moment.

Le smartphone d’entreprise est-il éteint lorsque tu es à l’affût?

Oui, ou du moins en mode silencieux. Sinon, ce ne serait pas sérieux.

En mode silencieux mais toujours visible?

Non, en mode silencieux dans la poche car il faudra peut-être appeler de l’aide pour récupérer un cerf. Le téléphone sous les yeux risquerait de me déconcentrer. Dans ces moments-là, je suis entièrement absorbé par ce qui passe dans la nature.

Et lorsque tu vois défiler, dans ton esprit, les gros titres de fin 2020 au sujet de la Banque WIR, quel est leur message?

WIR et VIAC forment ensemble l’un des meilleurs partenaires bancaires innovateurs de Suisse!

(Photos: Raffi Falchi)

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