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«Je préfère les montées courtes et raides»

19 min.
Flury

de Daniel Flury

15 articles

Bien que la Romande Elise Chabbey ait gagné le Prix de la Montagne au Tour de Suisse Women 2023, elle ne se considère pas comme une véritable grimpeuse. Dans son agenda des courses de l’année en cours, les Jeux Olympiques à Paris et les Championnats du monde de cyclisme à Zurich prennent une place toute particulière.

On connaît Elise Chabbey (31 ans) comme une véritable battante en mesure de fournir des prestations de pointe même par fort vent et dans de mauvaises conditions météorologiques. L’an dernier, la Genevoise a non seulement remporté le Prix de la Montagne du Tour de Suisse Women, sponsorisé par la Banque WIR, mais aussi le Prix de la Montagne du Tour of Scandinavia qui parcourt les routes de Norvège, de Suède et du Danemark. En 2022, elle a gagné le Prix de la Montagne de la Women’s Tour et de l’Itzulia Women et a fait la démonstration de ses talents de grimpeuse sur les étapes du Giro d’Italia Women (2021 et 2022) et de la Vuelta Feminina (2023). Malgré ces remarquables succès, elle ne se considère pas comme une spécialiste de la montagne: selon elle, en effet, elle ne peut faire valoir sa force sur les montées très raides que si ces dernières sont très courtes.

La championne suisse de cyclisme sur route (2020) et double championne du monde dans l’équipe de relais mixte (Mixed; 2022 et 2023) ne s’est lancée dans le cyclisme qu’en 2016. Elle a commencé sa carrière sportive tant que kayakiste, ce qui lui a permis de participer en 2012 aux Jeux Olympiques et de remporter la 20e place en slalom de kayak solo. En tant que coureuse de longue distance, elle a remporté le semi-marathon du Marathon de Genève. Peu satisfaite des modestes succès remportés sur l’eau d’une part et à la demande de ses parents d’autre part, Elise Chabbey a entamé des études de médecine et a finalement adopté le cyclisme – aussi afin de guérir une fracture de fatigue au bassin.

Depuis 2020, Elise Chabbey fait partie de l’équipe Canyon-SRAM Racing, une des équipes les plus professionnelles du cyclisme dames. Depuis le mois de mars de cette année, sa carrière est gérée par un manager, ce qui lui permet de se concentrer encore plus intensément sur le sport cycliste.

Cette année, les quatre étapes du Tour de Suisse Women auront toutes lieu en Suisse romande. Pour vous en tant que Romande, cela représente-t-il un avantage ou un inconvénient, compte tenu de la pression des attentes envers vous?

Elise Chabbey: Ni l’un, ni l’autre. Déjà, j’adore les courses qui ont lieu en Suisse et si le Tour de Suisse Women a lieu en Suisse romande, c’est tant mieux, car dans ce cas, il y a encore plus d’amis et de membres de ma famille qui pourront être sur place. C’est cool.

En tant que Romande, le Tour de Romandie est-il plus important que le Tour de Suisse?

Non, pour moi, ces deux courses sont tout à fait équivalentes.

L’an dernier, vous avez gagné le Prix de la Montagne lors du Tour de Suisse Women. Quels sont vos objectifs pour 2024?

Jusqu’ici (rem. de la réd.: 20 mars), je n’ai pas encore étudié les étapes et je ne sais donc pas si elles me conviendront et ce qu’elles contiennent. Tout cela dépend également de la forme qui sera la mienne le moment venu et de la personne qui sera leader. Un grand nombre d’autres courses ont lieu avant le Tour de Suisse et pour l’instant, je dois me concentrer sur celles-ci. Il est toutefois certain que je donnerai également le meilleur de moi-même lors du Tour de Suisse Women!

Comment vous préparez-vous pour le Tour de Suisse Women?

Je ne m’y prépare pas spécifiquement. Cette année, les Jeux Olympiques auront lieu à Paris du 26 juillet au 11 août. Ma préoccupation actuelle est donc surtout de pouvoir y participer. À cela viennent s’ajouter les Championnats du Monde qui se tiendront à partir du 22 septembre à Zurich. Cette année, le Tour de Suisse est donc pour moi surtout une course de préparation.

Comment vous êtes-vous remise de votre blessure au genou?

J’ai perdu un mois d’entraînement en raison de cette blessure et je n’ai commencé à m’entraîner qu’au mois de janvier au lieu de décembre. Je vais relativement bien. Mon objectif est de rattraper le retard aussi efficacement et rapidement que possible.

Que considérez-vous comme votre plus grand succès?

Outre tous les succès obtenus lors des courses les plus diverses, je considère le fait d’avoir réussi à concilier mes études de médecine avec ma carrière de cycliste professionnelle comme une réussite particulièrement importante.

Elise Chabbey

L’an dernier, votre collègue Marlen Reusser a remporté le Tour de Suisse Women. Est-elle votre favorite pour l’édition de cette année?

Marlen figurera dans tous les cas en tant que favorite dès le départ. Elle excelle dans toutes les disciplines, mais plus particulièrement dans le contre-la-montre. À mon avis, elle se fera remarquer dès la première étape.

Marlen Reusser et vous-même êtes des multitalents sportifs. Est-ce une bonne, voire une indispensable condition pour réussir dans le cyclisme?

Non, je ne le pense pas. Bien sûr, une certaine polyvalence sportive est toujours bonne au niveau de la forme physique générale et du développement de la musculature et des facultés motrices. Cependant, je ne pense pas qu’il existe une règle ou une raison qui ferait qu’un sportif polyvalent remporte plus de succès dans une certaine discipline.

Il y a un autre parallèle entre vous et Marlen Reusser: vous êtes toutes les deux médecins. Lorsque vous vous rencontrez, parlez-vous de questions médicales ou plutôt sportives?

Pour toutes les deux, le cyclisme est clairement la chose la plus importante dans notre phase de vie actuelle (elle rit). Nous ne parlons pratiquement jamais de notre formation professionnelle médicale.

Chez les hommes, Beat Breu – qui a remporté le Tour de Suisse en 1981 et en 1989 – était ce que vous êtes chez les femmes: un spécialiste de la montagne. Son surnom en allemand était d’ailleurs Bergfloh (puce des montagnes). Ce surnom vous conviendrait-il également?

Pour être franche, je ne me considère pas comme une spécialiste typique de la montagne. Une telle spécialiste devrait être très performante à la montée sur de longues distances – comme c’était le cas de Beat Breu. Personnellement, je préfère tout donner pendant deux à cinq minutes en cours de montée. Ce que je préfère: les montées courtes et raides. C’est dans cette situation que je pense être une dure à cuire.

Elise Chabbey

Depuis 2020, vous faites partie de l’équipe Canyon-SRAM Racing. Quel est votre rôle au sein de cette équipe?

Mon rôle est celui de coleader, et c’est moi qui lance des offensives. La leader est Katarzyna «Kasia» Niewiadoma de Pologne. En principe, je roule avec la leader.

Cette équipe est constituée de quinze coureuses cyclistes originaires de dix nations. Vous êtes la seule Suissesse – vous sentez-vous parfois seule?

Non, pas du tout. Nous sommes toutes très proches. Il n’y a aucun différend, ni entre les athlètes ni entre les nations.

Dans quels domaines pouvez-vous encore vous améliorer?

Je vois du potentiel d’amélioration absolument partout, aux niveaux physique, tactique ou en montagne.

Depuis peu, vous disposez de votre propre manager, la maison ProTouchGlobal GmbH domiciliée à Goldau. Qu’est-ce qui vous a poussé à franchir ce pas?

Je n’ai encore jamais eu de manager. En franchissant ce pas, j’espère pouvoir me concentrer mieux et de manière plus intense sur le sport cycliste et déléguer tout le reste.

Comment évaluez-vous l’évolution du sport féminin?

Les femmes continuent d’être désavantagées, que ce soit en termes de temps de transmission à la télévision, de prix en espèces ou de sponsoring. Toutefois, tout cela évolue très rapidement et, globalement, dans la bonne direction.

En 2012, vous avez participé aux Jeux Olympiques de Londres en tant que kayakiste. Est-il temps de participer aux Jeux Olympiques de Paris en tant que cycliste?

Oui! Contrairement aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 qui ne prévoyaient qu’une seule place pour une cycliste féminine suisse, il y a cette année à Paris quatre places à prendre. Le comité de sélection décidera qui pourra aller à Paris.

Reprendrez-vous votre profession de médecin au terme de votre carrière sportive?

Cela ne figure pas parmi mes préoccupations actuelles. J’adore le vélo et aussi longtemps que je peux exercer ce sport et en vivre, je continue. Par la suite, je me réserve toutes les options – on verra!

La Banque WIR et le Tour de Suisse

De 2023 à 2025, la Banque WIR soc. coopérative est «Premium Partner» du Tour de Suisse et sponsorise le maillot du Prix de la Montagne. Le Tour de Suisse – qui aura lieu en 2024 du 9 au 18 juin – est la plus grande manifestation sportive annuelle du pays et une grande fête du cyclisme célébrée par un très large public qui a depuis longtemps adopté la grande tendance de fond que représente le cyclisme. Or, ce très large public est aussi le public cible des produits d’épargne et de prévoyance de la Banque WIR.

1re place pour la Banque WIR

L’an dernier, les publications «Handelszeitung», «PME», HZ Banking et Statista ont interrogé 2800 citoyens suisses sur les expériences faites avec leurs banques. Dans la catégorie «Offre d’épargne et de prévoyance», la Banque WIR est apparue comme la banque la plus populaire et a également fait très bonne figure dans trois autres catégories: 12e rang pour «l’assortiment de crédits et de crédits hypothécaires», 14e place dans la catégorie «Offre numérique» et finalement 15e place dans la catégorie «Service et conseils».

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